John Irving, Avenue des mystères

Le coup de coeur d’Isabelle, 11 août 2016

Avenue des mystères, (John Irving)

Merci Monsieur Irving pour ce quinzième roman. J’avais presque oublié l’état d’ivresse dans lequel me plongent vos mots. « Avenue des mystères » est un trésor, plus précisément un fous-y-tout de trésors. C’est un labyrinthe jubilatoire qui malmène le lecteur entre rêve et réalité.

II serait absurde d’en construire un résumé académique. Cet exercice artificiel ferait perdre de sa saveur au livre.

Il est question d’un auteur célèbre, vieillissant et sous médicaments. Il est question de voyage et d’un dosage sauvage de viagra et de bêtabloquants. Les souvenirs remontent peu à peu à la surface : son enfance à la lisière d’une décharge publique, son destin et celui de sa petite sœur extralucide, la mort de sa mère, femme de ménage chez les jésuites et prostituée, « tuée » par une statue géante de la vierge, son passage au cirque, son adoption par un prêtre défroqué et un travesti. Un voyage haut en couleurs où se mêlent tous les déséquilibres. Les personnages ont tellement de relief que vous vous retournerez en pensant qu’ils sont juste derrière vous. L’architecture du livre (style Sagrada familia) m’a enchantée jusqu’à la dernière page. J’ai eu parfois besoin de souffler afin d’éviter que trop de fantaisie déborde sur mon quotidien. « Sexe, drogue, religion et mort » sont des thèmes chers à John Irving. Ils les traite ici de main de maître, de maître vieillissant. Ce livre est poignant, drôle et dramatique. Il est gros et heureusement.

Merci Monsieur Irving pour votre folle humanité.